mercredi 26 février 2025

Haïku peut-être …

en silence 
mon chat philosophe 
~ en silence

© jean luc werpin 03/01/2025

À propos d’une de mes publications … appréciation de Lysteria Valmer

Jean Luc Werpin, Éphémérides,
Les Chants de Jane n°30, GJT,
janvier/février 2022, 24 p., 5,00 €

«En matière d’art il convient de suivre la nature créatrice
et de faire des quatre saisons ses compagnes.
De ce que nous voyons, il n’est rien qui ne soit fleur,
de ce que nous ressentons rien qui ne soit lune.
Qui dans les formes ne voit pas la fleur est pareil aux barbares.
Qui en son cœur ne ressent la fleur s’apparente aux bêtes brutes»
Matsuo Bashô (1644/1694)

 
J’aime les allers et retours, j’aime ce qu’ils décentrent de l’ici et du là-bas. J’aime ce qu’ils dévoient du temps !

Bashô (17ème siècle) maître et « père » du « Haïku » naturaliste, Buson (18ème) prince des méditations ontiques, Issa (19ème) et sa romantique du « je » et Shiki (20ème) en Rimbaud du Levant, le haijin (haïkiste) qui ouvre l’ère moderne, tel est le tétramorphe de la poésie japonaise (waka) dont le porte-étendard le plus connu est le « haïku ». Seulement, voilà, hormis Shiki qui en forge le mot en 1891, aucun d’entre-eux n’a jamais su qu’il écrivait des « haïkus ».
1891, au Japon nous sommes en pleine période Meiji, époque d’ouverture au monde après la quasi-fermeture (le « sakoku ») du pays décidé par le shogunat Tokugawa au milieu du 17ème siècle.
L’ouverture signifie pour le Japon, qui reprend le système universitaire occidental, la réception des littératures « nationales » étrangères (anglaise, allemande, française, russe, etc…). Et bientôt apparaît le néologisme « haïku » pour caractériser une poésie et une littérature qui se cherche « nationale ».
D’abord, chez nous -dans les pays du soleil couchant- nous découvrons avec un certain embarras et un désintérêt non moins certain, vers 1860, des « tanka », ces « chants courts » de la poésie japonaise, que nous jugeons être de piètres jeux de mots.
En 1902, cependant, Basil Chamberlain publie « Bashô and the japanese poetical epigram », première étude en langue occidentale consacré au « haïku », dont Paul-Louis Couchoud s’inspire pour publier en 1906 « Les épigrammes lyriques japonaises » qui traduit les premiers « haïkaï » en langue française…mais bien souvent, au départ, des traductions anglaises (Couchoud ne parlant pas le japonais).
Plus d’un siècle d’itinérance du haiku dont, dans le monde francophone, des noms aussi illustres que Paul Éluard, Paul Claudel ou Jacques Roubaud se sont emparés.
Cent-trente ans de « haïku », cent-quinze ans de « haiku francophone » donc et une passion qui n’a jamais été aussi partagée qu’aujourd’hui pour cette forme poétique.
Du caractère « universel » du mot « national » …. sans doute… Le japonais, homme-universel (je ne suis pas sûr, pourtant, que cela leur plaise) ? Le japonais, langue édénique, je veux dire a-temporel -d’avant le temps et pour tous temps, voilà qui ne plaira pas au chinois, en tout cas- ?
Qu’est-ce qui donc dans cette forme poétique particulière touche tant les poètes et le public ?
Sa brièveté, son formalisme, sa puissance évocatrice plutôt qu’énonciatrice, son épure esthétique fondamentale, son esthétique de la communité et de la quotidienneté, son intimisme, son naturalisme, son « immédiatisme/présentialisme » et son immanentisme -ensemble où l’homme occidental contemporain se refait une spiritualité- songe-t-on (autant nécessité de l’époque que signe et contresigne de celle-ci), à moins que ce ne soit sa désarmante complexité, sa paradoxalité unifiante comme l’on montré les maîtres de l’Oulipo ?

Tout cela est vrai et tout cela fait une « poétique » ; Son efflorescence, voire même sa prédominance signe le triomphe de la poésie à notre époque en ce qu’elle témoigne de sa nécessité fondamentale à l’Homme, même à cet homme -qui se croit de la fin de l’histoire- revenu de tout ; des cieux qu’il voit déserté, de la terre dont il a fait le tour, de l’humanisme comme de tous les autres « -isme », des univers qu’il ne voulait pas si grands et même du credo des sciences qui a noyé la vague espérance…
- reste l’écume de nos mers confuses, un peu de technique arrachée aux orages et les rives infranchissables du TWAZAMWA sur lequel cingle ma galère mandingue…demain, demain, je serai au Levant !
Il n’est pas étonnant, ni indifférent, que Jean-Luc Werpin fut d’abord publié au Pays-du-Soleil-Levant où ses textes français furent traduits en japonais et présentés dans les deux langues dans « Anthology Haïku University ».
Puis ce furent des publications dans la Revue du tanka francophone et enfin la publication de deux recueils, « Menues Monnaies » et « Les Fines Rides du Temps » chez Jacques Flament.
Avec ce troisième recueil, Éphémérides, publié sous le numéro 30 de la collection« Les Chants de Jane », Jean Luc Werpin s’affirme une fois de plus comme l’une des valeurs sûres du genre dans l’espace francophone et n’en doutons pas, lui qui est disciple du haijin Yasushi Nozu, du Japon.
Comment ne pas être frappé par exemple, par le très « bashôéen » : « le cri des mouettes/emporte le silence/ ---- plus vives les vagues », le très « shikiste » : « J’écraserai mes haines/ comme un vieux mégot/ trop longtemps mâchouillé/ / puis/dépouillé de tout/ léger comme une plume/ je partirai/ tutoyer le silence » ou encore le très « busonéen » : « avec le temps/la pierre se fait sable/ ---- je serai poussière » ?
Mais il n’est pas seulement inspiration et hommage aux Antiques, comme en témoigne cette recontextualisation -toute européenne et, pour le coup, je serais véritablement surpris si l’on me disait qu’un japonais aurait pu tout aussi bien l’écrire- au sujet de la crise migratoire syrienne et de la photo de ce petit garçon, Aylan -vous vous en souvenez peut-être- gisant mort sur une plage turque en novembre 2015, lisez plutôt :

« plages océanes
l’écho lourd
d’un lointain naufrage
et
l’enfant
mort
ainsi dit
tout
est dit
d’un rêve
la cruelle
mémoire »

S’il est un procédé poétique qui subsiste dans la poésie contemporaine -au contraire de la rime, par exemple- c’est l’allitération. Le jeu en est particulièrement marqué dans l’écriture de Jean Luc Werpin, comme le montre ce tercet : « blessures/ ~ mes usures/ susurrent » mais, me direz-vous, est-ce encore un haïku ?
On sait en effet qu’un haïku japonais (on préfèrera cette épithète à « traditionnel ») se compose de 3 vers composé successivement de 5, 7 et 5 mores. On ne discute plus aujourd’hui, me semble-t-il, de ce que l’on pourrait nommer la « conversion syllabaire » aux fins d’adaptation. Un « véritable » haïku francophone c’est donc 3 vers de 17 syllabes réparties, 5/7/5. Cependant, d’une part, il a toujours existé dans les haïkus japonais des formes irrégulières dont les transgressions ont été admises, ce sont les haikus « hachô » (au « rythme brisé ») qui distinguent entre poème « ji-amari » (avec une « more/syllabe en trop ») et « ji-tarazu » (avec une « more/syllabe en moins ») et, d’autre part, Jacques Roubaud -remarquant que le haïku était basé sur les nombres premiers- en a de longue date proposé une restructuration avec le fameux « haïku oulipien généralisé » (de structure 5/3/5). D’autres auteurs -on pense évidemment, pour la Belgique, à Marcel Peltier- en ont proposés leur version. Développant cette idée et constatant que la forme « roubaldienne » s’inscrit également dans la « suite de Fibonacci », Jean Luc Werpin en propose donc de nouvelles expressions sous les formes 3-2-3 .
Et puis, sommes toutes, toutes ces questions techniques s’effacent devant la définition « werpinéenne » du haïku : « haïku écrit ~ / j’offre du temps / à l’instant ».
Le temps n’est-ce-pas l’enjeu des « éphémérides » (éphémères rides) précisément ? Que vous leur donniez le sens de calendrier « détachable », de « chronique » (au sens médiéval, cela va sans dire) ou de « calendes astrales », c’est toujours du temps dont il s’agit.
Rappel de la tradition humoristique attaché au haïku, Jean-Luc Werpin s’en amuse autant qu’il s’en désabuse, lisez plutôt : « tic et tac/ passe le temps/ cet assassin » ; « jour des morts ~/ la mine réjouie/ de la fleuriste » ou encore : « peu à peu/ l’arbre se dépouille/ ~je me mens ».
Le « Tout » ne se dit pas, enseignait Jacques Lacan, car tout est impossible à dire. Lacan eut un succès frappant au Japon, on ne s’en étonnera pas vu le goût des japonais pour les jeux de mots et pour l’évocation et la convocation plutôt que pour l’énonciation. Ainsi le texte du haïku sera-t-il par nature polysémique et ouvert à interprétation.

J’en termine ainsi de cette chronique : « à petit cris/ ma voisine succombe / ---- cinq à sept », cette voisine, était-ce lui avec elle, elle avec un autre, peut-être même était-ce vous… ou… votre voisine ?
Je vous avais dit que j’aimais les allers-retours…et, les femmes -surtout la vôtre- cela va de soiE !
Lysztéria Valner

poète moi ?

poète ! 
et puis quoi 
encore
© jean luc werpin 18/01/2025

Au Parc TenBosch …

au jardin public
le murmure impatient
d’un jeune bourgeon

© jean luc werpin 19/02/2025

Le haïku en 17 clés de Dominique Chipot



L'écriture du haïku, comme tout art, nécessite un temps d'apprentissage pour maîtriser les techniques avant de s'en libérer.


S'appuyant sur son expérience d'ateliers d'écriture de haïku, l'auteur nous accompagne dans la découverte de ce poème dont la brièveté intensifie les sensations suggérées.


Il nous aide à avancer sans détour sur la voie du haïku franco-phone: ne pas prioriser la formule. Ne pas privilégier une capture hâtive dans le vif de l'action. Apprendre l'harmonie. Trouver l'équilibre. Aiguiser ses sens et ses crayons pour reproduire la fragilité d'un fait du quotidien.


Fidèle à son engagement de ne pas enfermer le haiku dans un genre unique, l'auteur nous en dévoile les différentes facettes sans nous imposer un style.

Digressions à propos d’un « Haïku-ku la Praline » d’Hervé Le Tellier, écrivain oulipien

( à lire avec un grand sourire)


mon petit garçon 

tu es mon petit garçon

mon petit garçon 



Ce Haiku (?) d’Hervé Le Tellier (HLT) est proposé dans l’Anthologie de l’OuLiPo publiée dans la collection de poche Poésie des éditions Gallimard. 

Je ne connais Hervé Le Tellier que de nom et de renom  et j’ignore donc les contraintes qu’il s’est imposé pour écrire ce haïku-ku la praline (HKLP). 

Je ne puis que les déduire en interrogeant ma petite expérience de l’écriture sous contrainte(s) et mes connaissances, extrêmement lacunaires du Haïku.


HLT respecte la métrique traditionnelle de l’avatar francophone du haïku à savoir 17 syllabes distribuées sur 3 lignes selon la séquence 5/7/5. C’est d’ailleurs la seule contrainte liée au haïku que HLT respecte. A noter qu’il a l’élégance de proposer 17 syllabes qui peuvent s’écrire comme un poème monostique à la la manière de nos amis japonais, même si ces derniers pratiquent l’écriture en colonne et non horizontalement.


Je discerne aussi une autre contrainte celle de proposer un troisième vers identique au premier et un deuxième vers composé d’une conjugaison du verbe « être » précédant un texte identique au premier et au troisième vers.


Inspiré par la démarche d’HLT, j’ai rapidement écrit un petit HKLP. La seule différence avec mon modèle réside dans l’impossibilité de le proposer en un monostique à cause de la règle de « e » caduc en fin de vers .


ma petite fille

tu es ma petite-fille

ma petite-fille


J’ai aussi repris un bout de texte d’une chanson écrite par Fred Blondin pour Johnny Hallyday



mon plus beau noël

tu es mon plus beau noël

mon plus beau noël



Dans l’univers de l’OuLiPo, le Haïku connait quelques autres avatars regroupés au sein du Haïku Oulipien Généralisé (HOG). Les nombreux mathématiciens qui hantent le continent oulipien ont constaté que les nombres qui gouvernent la métrique de notre haïku francophone sont tous des nombres premiers (3vers de 5/7/5 syllabes pour un total de 17). Ils proposent ainsi des haïkus  5/3/5 pour 13 syllabes, 3/5/3 pour 11 syllabes et 2/3/2  pour 7 syllabes. 


Parmi ces formes, j’ai expérimenté la métrique 3/5/3 et voici les résultats de mes cogitations exemptes de fumées suspectes.


Tout d’abord, j’ai expérimenté une version biblique (Luc 1,26-38)

 

Gabriel

tu es Gabriel 

Gabriel 


Ensuite retour à Johnny pour une version plus légère 


Gabrielle 

tu es Gabrielle 

Gabrielle



Et voilà comment un retraité occupe ses loisirs ! Merci pour votre lecture et aussi pour votre patience !






mardi 25 février 2025

Quand on parle de moi et de mon recueil "Menues Monnaies" au Japon ... et en japonais SVP

La traduction en langue française suit la version originale écrite en langue japonaise 



主宰随想

俳句の手法(2)

“句集「小銭(Menues Monnaies)」の俳句”と

皆さんの意見・感想を読んで

野頭泰史 

 ジャン・リュックさんから「まんまる」に掲載して欲しいと“句集「小銭」の俳句”の原稿が送られてきた。彼は2016年に俳句と出会い、2020年7月に句集「小銭(Menues Monnaies)」を出版した。送られてきた原稿には、句集の出版前後の経緯やこれまでの俳句との色々な格闘、俳句への率直な気持ち等が述べられている。それは、俳句を作るフランコフォンの姿を凝縮したもので、フランコフォンの俳句に対する取り組みを知るうえで、私たち日本人にとっても大変興味深いものであった。皆川さんに日本語に訳してもらい、「まんまる」の前々号に掲載して、皆さんからどのような反応があるだろうかと期待していたところ、早速ズラツカさんからメールが届き、続いてニコラさん、アントニニさん、イサベルさんからもそれぞれ感想や見解が寄せられた。それらは、“句集「小銭(Menues Monnaies)」の俳句を読んで”と題して前号に掲載した。今回は、ジャン・リュックさんの“句集「小銭(Menues Monnaies)」の俳句”の原稿とそれに対し寄せられた皆さんからの意見や感想を読んで私なりに気が付いたことを述べる。

まず、こうした意見交換は、座の文学たる俳句にとって極めて重要なことで、座の文学の俳句のよさを改めて思い知らされた。俳句は、読み手(句会の参加者)によって作りあげられていく文芸だ。読み手に理解されないような、何を言っているのか解らない、独りよがりな、作者ばかりが悦に入っている句は俳句の本来の姿ではない。何を言っているかが少なくとも読み手に分かり、読み手に何かを考えさせる句でありたい。アントニニさんが、「小銭(Menues Monnaies)」の句、‟malgré la maladie/ je contemple le magnolia/ en fleurs 病みつつも咲き誇る木蓮に想いを馳せる”を読んで、子規の句を思い出したと言っている。多分その句は、「いくたびも雪の深さを尋ねけり」であろう。不治の病床にあった子規は、母親や妹に降りしきる雪がどの位積もったかを尋ねている。たとえ降ったとしても年に数回でしかない東京、病床の子規は降り積もる雪にさえ心を動かしている。読者にこうした句を連想させることも、俳句の持つ力と言えないだろうか。また、アントニニさんの次の言葉、「詩はその意義において境界を持たない、あるいは外国人が日本のジャンルを“コピー”したのではなく、むしろ俳句という日本のジャンルが旅をして、他の言語や文化を経験することで豊かになっていく必要があった。古典俳句の形式(五・七・五、季語、切れ)が別の言語、別の文化において進化することはあるが、それは常に日本の俳句との歴史的つながりを保つ、そうでなければ“俳句”のタイトルを名乗ることはできない。」に我が意を得た。そして、アントニニさんの感想を読んで、旅を生涯の友とした芭蕉に思いを馳せた。彼の辞世の句「旅に病で夢は枯野をかけ廻る」の旅とはまさに俳句であると思いいたる。俳句に出会い、俳句に悩み、俳句を楽しみ、俳句を極めた人生、俳句への夢は尽きず、今も枯野を駆け廻っている。座は、こうした思いを分かち合う役割も果たしている。

 ところで、俳句が多少誤解されて西洋社会に紹介されたのではないかと感じてたが、今回改めてその感を強くした。それは、茶の湯などの伝統的な日本文化の一つとして、俳句が精神性を重んじる禅との関係で捉えられていることである。芭蕉の俳句を「わび」や「さび」の観点から捉え、そこに禅に通じる精神性を見てとることはあるが、現代俳句においては、俳句そのものが生み出す精神性や哲学性は別として、禅の精神性を求めることはほとんどない。この背景には様々な要因が考えられるが、一つには、日本の俳壇ないし俳人が積極的に西洋社会に俳句を知ってもらおうと働きかけることがほとんどなかったこと。また、西洋への俳句の紹介が西洋人によってなされ、そのため、伝統的な日本文化の一つとして俳句が捉えられ、文芸としての観点が軽視された。こうしたことのエピソードとして、ある俳句結社の主宰が、結社に加わりたいと言ってきた英語圏の青年に対し、俳句を英語で作ることなどとても無理だといって断ったという。また二つには、日本語の難しさや作り易いが奥の深い俳句そのものの難しさにあったと思われる。

 さて、高浜虚子は戦前から俳句をヨーロッパに広める活動を行っていた。虚子にとっては、有季定型(17音節、季語)こそが俳句の基本的手法であり、それをヨーロッパに広めようと努めた。しかし、それも戦中・戦後の混乱や彼自身の死去により頓挫する。こうしたことによって、俳句の基本的手法は有季定型がであること、そのことが重視されないままにヨーロッパに俳句が広まり、結果として、季語もなければ音節もバラバラな俳句が氾濫することになった。今回の俳句における言葉の削ぎ落しの議論もこうした現実の一端を示すものと思える。言葉の削ぎ落しとは、単に言葉の数を少なくすることではない。余計なことや言葉を削ぎ落し、17音節の中で、言いたいことの的を絞ることである。言葉の数を少なくしても、単語の羅列や三段切れになって、何を言っているのか理解されなくなるようでは本末転倒である。

 ところで、イサベルさんが“女性に俳句が作れるでしょうか”と問うてるが、もちろん女性に俳句が作れないことなどない。日本の俳句人口の現状は圧倒的に女性だ。そもそも女性は和歌を詠み、古典文学の代表的作品、「源氏物語」の紫式部、「枕草子」の清少納言は女性である。俳句においても江戸時代の千代女など優れた女性俳人は多い。封建時代にあっては男性に比べて少なかったものの、明治以降、封建社会の崩壊や女性の社会的地位の向上などとともに女性俳人も増えた。また、正岡子規や高浜虚子の俳句革新によって俳句の大衆化が進み、一層多くの女性俳人が輩出されたことは周知の事実である。一方、“子供が学ぶような純真さがないと、俳句は作れないのでしょうか”との彼女の問いに対しては、次のように答えたい。「俳句は何に驚き、何に感動したかを素直に表出するものである。10歳の子供には10歳だから作れる俳句、100歳の老人には100歳だから作る俳句があってしかるべき。」だと。

 座を通じて作り上げられていく俳句は、コミュニケーションや相互理解に役立つ文芸である。また、人間疎外が言われて久しく、環境・自然破壊も進む地球、こうした時代だからこそ、俳句の持つ力が見直されてよい。多くの国の人々が、一定のルールのもとにそれぞれの言語でもって、その国の気候・風土に根差した文化、生活を俳句で詠む。俳句の詠う対象は自然でも人事でも何でもよい、見たこと、聞いたこと、五感に感じたこと、心に響いたことを自分の言葉で詠う。俳句とは、何に感動したか、何に心を動かされたかを17音節で掬い取ることだ。

********************************************

Essai du président

Les méthodes du Haïku (2)

En lisant les opinions et impressions de chacun sur le recueil « Menues Monnaies » 

Yasushi Nozu


Jean-Luc Werpin m’a envoyé un texte sur le haïku et sur son recueil « Menues Monnaies » qu’il me proposait de publier dans « Manmaru ». Jean-Luc découvre le haïku en 2016 et publie le recueil « Menues Monnaies » en juillet 2020. Son texte décrit les circonstances avant et après la publication de son recueil, ses tentatives d’écriture et ses sentiments francs sur le haïku. C’est un condensé sur la composition du haïku par un francophone, et c’est très intéressant pour nous, au Japon, d’en apprendre davantage sur l’approche francophone du haïku. J’ai demandé à Minagawa-san de le traduire en japonais pour le publier dans le numéro de Janvier 2023 de Manmaru, espérant voir quel genre de réaction j’obtiendrais de tous les membres. J’ai immédiatement reçu un e-mail de Zlatka, suivi de commentaires et d’opinions de Nicolas, Antonini-san et Isabel. J’ai publié l’ensemble de ces réactions dans le numéro précédent (Avril 2023) sous le titre « En lisant « Menues Monnaies » ». Après avoir lu vos opinions et vos impressions, je vais ci-dessous partager ce qui m’a marqué. 

Tout d’abord, cet échange d’opinions est extrêmement important pour le haïku, qui est la littérature du « Za » (littérature pratiquée en groupe), et cela m’a rappelé la qualité du haïku en tant que littérature du Za. Le haïku est un art littéraire créé par et pour les lecteurs (« yomite », à savoir participants au kukaï). Les vers qui ne sont pas compris par le lecteur, dont on ne peut percevoir ce qu’ils veulent exprimer et dont seul l’auteur s’en satisfait, ne correspondent pas à la forme originale du haïku. À tout le moins, je veux que le haïku fasse comprendre au lecteur ce que je dis et ensuite le fasse réfléchir à quelque chose. Ce haïku de Menues Monnaies ‟malgré la maladie/ je contemple le magnolia/ en fleurs » rappela à Antonini-san un haïku de Shiki. Peut-être qu’il s’agit de celui-ci :

   いくたびもIkutabimo      Il continue de neiger            

   雪の深さをYukinofukasawo   Demander la profondeur    

   尋ねけりTazunekeri       À plusieurs reprises 

    Shiki Masaoka  

Traduction en français : Yasushi Nozu

Shiki atteint d’une maladie incurable, dans son lit d’hôpital, demande à sa mère et à sa sœur combien de neige s’est accumulée. Même s’il neige, cela n’arrive que quelques fois par an, et Shiki, depuis son lit de malade, est ainsi ému par la neige qui tombe. N’est-ce pas aussi la force du haïku que de développer les associations d’idées du lecteur ? Les mots suivants d’Antonini-san : « Je ne pense pas que la poésie ait des limites dans sa signification, ou que les étrangers aient « copié » le genre du Japon, mais plutôt que le genre japonais du haïku avait besoin de voyager et de s’enrichir en expérimentant d’autres langues et cultures. Il est possible que la forme du haïku classique (cinq-sept-cinq, kigo, coupe) puisse évoluer dans une autre langue et culture, mais elle a toujours maintenu un lien historique avec le haïku du Japon, sinon elle ne peut pas porter le titre de « haïku ». Quand j’ai lu ces lignes d’Antonini-san, j’ai pensé à Bashô, qui a passé toute sa vie en voyageant. Son haïku d’adieu :

旅に病でTabiniyande             Pendant le voyage

夢は枯野をYumehakarenowo     Je tombe malade

かけ廻るKakemeguru            Mon rêve passe la plaine nue

Bashô    Traduction en français : Yasushi Nozu

Je pense que le voyage auquel ce haïku fait référence, c’est le haïku lui-même. C’est sa vie : la rencontre du haïku, le plaisir et la peine, jusqu’au plus haut niveau. Mais son rêve du haïku passe sur la plaine nue maintenant. Le Za joue ainsi son rôle dans le partage de ces pensées avec les autres participants. 

Je continue à penser que le haïku a été quelque peu mal compris quand il a été introduit dans la société occidentale. Le haïku y est considéré comme l’une des activités culturelles traditionnelles japonaises telles que la cérémonie du thé en relation avec le zen, donnant beaucoup d’importance à la spiritualité. Les haïkus de Bashô sont saisis du point de vue du « wabi » et du « sabi », en y décelant une spiritualité similaire au zen. Cependant, en dehors de la spiritualité et de la nature philosophique produites par le haïku lui-même, le haïku contemporain recherche rarement la spiritualité zen. Il y a plusieurs raisons possibles derrière cela, mais l’une d’entre elles est que les haïkus ont été introduits en Occident par les Occidentaux parce que les haïjins japonais n’ont pas vraiment fait l’effort de faire connaître activement le haïku dans la société occidentale. Pour cette raison, le haïku a été introduit comme l’une des cultures traditionnelles japonaises plutôt que comme un art littéraire. En guise d’anecdote, j’ai entendu dire que le responsable d’une association japonaise de haïku ne permit pas à un jeune homme d’un pays anglophone qui voulait rejoindre l’association d’écrire des haïkus en anglais, disant qu’il était impossible de composer des haïkus en anglais. En outre, la difficulté du japonais et la facilité de créer des haïkus qui peuvent avoir beaucoup de profondeur constituent la difficulté spécifique du haïku.

Pourtant, Kyoshi Takahama avait travaillé à promouvoir le haïku en Europe avant même la guerre. Pour lui, le « yuukiteikei » (17 syllabes, kigo) était la méthode de base du haïku, et il s’est efforcé à la diffuser dans toute l’Europe. Cependant, cela a été stoppé par la tourmente pendant et après la guerre et par sa mort. En conséquence, le haïku s’est répandu en Europe sans que soit introduite la méthode de base du haïku, et provoquant par conséquent une inondation de haïkus sans kigo et avec toutes sortes de nombre de syllabes. Je crois que la discussion sur la suppression des mots dans le haïku illustre cette réalité. Dépouiller les mots ne consiste pas seulement à réduire le nombre de mots. Cela signifie réduire les choses et les mots superflus, et réduire ce que vous voulez dire dans les 17 syllabes. Même si le nombre de mots est réduit, l’effet peut-être à l’opposé du but si le haïku devient juste une liste de mots ou un « sandangire », sans que le lecteur comprenne ce que vous dites.

Au fait, Isabel demande : « Une femme peut-elle écrire un haïku ? » Naturellement, les femmes peuvent écrire des haïkus. Aujourd’hui, les pratiquants du haïku au Japon sont majoritairement des femmes. En premier lieu, les auteurs de poèmes waka (poèmes anciens du Japon) étaient des femmes, et les auteurs des œuvres représentatives de la littérature classique japonaise, Murasaki Shikibu pour « Le Dit du Genji » et Sei Shônagon pour « Notes de chevet » sont des femmes. Il y a aussi beaucoup de femmes haijins exceptionnelles, telles que Chiyojo de la période Edo. À l’époque féodale, il y avait moins de femmes haïjins que d’hommes, mais après l’ère Meiji, le nombre de femmes haïjins a augmenté avec l’effondrement de la société féodale et l’amélioration du statut social des femmes. C’est un fait bien connu que les innovations en haïku de Shiki Masaoka et Kyosi Takahama ont conduit à la popularisation du haïku et à la multiplication de femmes haïjins. Et en réponse à la question suivante « Est-il possible de composer des haïkus sans l’innocence d’un enfant qui apprend ? », je crois que « le haïku doit être l’expression sincère de ce qui vous a surpris et de ce qui vous a ému, et qu’un enfant de 10 ans écrira un haïku qui peut être fait parce qu’il a 10 ans, et qu’une personne de 100 ans écrira un haïku qui peut être fait parce qu’il a 100 ans. ». 

Le haïku, qui est créé à travers le « Za », est un art littéraire utile à la communication et à la compréhension mutuelle. C’est donc précisément parce que nous vivons à une époque où s’aggravent l’aliénation dans notre société humaine et la destruction de l’environnement et de la nature sur notre planète, que la force et la fonction du haïku devraient être reconsidérées. Je souhaite qu’en en respectant les règles, les gens de nombreux pays écrivent dans leur propre langue des haïkus selon leurs cultures, leurs modes de vie, le climat qui les entoure. Les haïkus peuvent porter de manière très large sur la nature et les choses humaines. Ecrire avec ses propres mots ce que l’on regarde, entend, ressent avec ses cinq sens et qui résonne dans son cœur. Le haïku consiste à condenser en 17 syllabes ce qui vous a ému et a fait vibrer votre cœur.


Du Haïku à mes Menues Monnaies par Jean Luc Werpin

Loin de son étang / elle ne plonge plus / la grenouille


C’est en 2016, que je rencontre pour la première fois le haïku en découvrant « Au Fil de l’Eau », le premier recueil de haïkus francophones regroupant des écrits de Paul-Louis Couchoud, d’Albert Poncin et André Faure. Séduit par ces petits poèmes et soucieux d’en apprendre un peu plus, je me procure quelques livres traitant du sujet avant de tenter mes premiers essais.


Je vous épargnerai la lecture de ces tentatives totalement médiocres. Rapidement j’entre en contact avec des auteurs et autrices et je participe à des échanges virtuels sur internet et en présentiel en rejoignant le Kukaï de Bruxelles au sein du quel j’ai fait de bien belles rencontres et reçu de nombreux conseils.


Petit à petit, j’apprends à inscrire mes mots dans la discipline du haïku francophone en respectant un 5/7/5 strict, je me plie aux mots de saison, je découvre des notions de Wabi-Sabi, j’apprends ce que signifient « Kiréji, Toriawase, Ichibutsujitate, etc ».


Mes essais me semblent moins médiocres et commencent à susciter un certain intérêt auprès mes interlocuteurs.


littoral désert / ~ la mer d’automne dépose / quelques coquillages

l’écume du temps / déposée sur tes cheveux / ~ le galop des vagues

vacances d’été / ~ devant la vieille maison / un vélo d’enfant


Au cours de l’année 2017, je suis invité à participer au groupe FaceBook « Haïku Column » dirigé par Monsieur Nagata Mitunori et animé par Madame Mine Mokuse. 

Au sein de ce groupe international, on écrit le Haïku sur deux lignes avec la volonté de favoriser le Toriawase. J’ai intensément collaboré avec ce groupe d’abord en tant qu’auteur avant d’y travailler en qualité de critique. J’ai été traduit en japonais et publié dans les six premières anthologies du « Haïku University », dans le Saijiki consacré aux mots de saison liés au printemps, ainsi qu’à trois reprises dans des revues purement japonaises.


retour des grues / ~ la couronne rouge des érables

première aurore / ~ bien ordinaire l’an neuf s’ébroue à peine

vent frais du ponant / ~ sur la plage le sable asséché


C’est cette expérience qui est le point de départ de mes Menues Monnaies qui ont été publiées en France en juillet 2020. 

Mes Menues Monnaies exposent ma vision et ma pratique du haïku francophone.


le cri des mouettes / emporte le silence / ~ plus vives les vagues

morne Mer du Nord / ~ ses vagues grises sans forces / déroulent l’ennui

jour des morts / ~ la mine réjouie / de la fleuriste


Dans ce recueil j’ai clairement pris le parti de m’affranchir de certaines balises qui encadrent le haïku francophone sans pour autant m’éloigner de ce qui me semble l’essentiel dans le Haïku de tradition, à savoir la célébration de l’instant, le réenchantement de la banalité et de l’éphémère, la sobriété et la brièveté du propos.

Avec mes Menues Monnaies, j’ai conservé l’habituelle disposition sur trois lignes mais j’ai pris davantage de libertés avec le nombre de syllabes pour que mon petit poème puisse être lu sur une seule respiration, c’est toujours pour moi un impératif de réciter mon poème sur un souffle. 

Autant que possible, je tente de proposer deux images, parfois oxymoriques et de les faire entrer en résonance même si je ne refuse pas la construction en une seule expression.


malgré la maladie / je contemple le magnolia / en fleurs

tant vive la vague / venue à ma rencontre / ~ si humble sa fuite

nouvelle lune / plus sombre l’ombre / sans les ombres

déjà le réveil ~ / si fine la soie des rêves / ne résiste pas


Parfois même une extrême brièveté invite le lecteur à s’immerger dans l’instant proposé afin de le percevoir et de le ressentir.


fin d’orage ~ / bien silencieuse / la rizière

solstice d’été / ~ fatigué / le jour lâche prise


Ces écarts avec la règle ne sont pas le fruit du hasard mais ils sont issus d’une réflexion née au départ de la fréquentation des réflexions de Maurice Coyaud, de la lecture des Pop’s de Jack Kerouac et plus récemment des Mop’s de Marcel Peltier et de ma pratique du haïku au sein du groupe Haïku Column.


le doigt / dans le nez / ~ l’enfant.


Aujourd’hui, j’ai de plus en plus le sentiment en me référant à l’hypothèse Sapir-Whorf que le Haïku est consubstantiel à la langue et à la culture japonaise. 

Nous, les non-japonais avons pris le parti d’écrire un poème monostique sur trois lignes, nous confondons allègrement mores et syllabes et nous affublons volontiers nos créations d’un zen de pacotille pour « faire couleur locale ».

Je me méfie de toute traduction du japonais au français car elle est à mes yeux souvent source d’ambiguïté par rapport au sens original. Il suffit pour s’en rendre compte de comparer les multiples traductions du Haïku de Bashô évoquant le plongeon de la grenouille.


Voilà pourquoi aussi, je ne prétends plus écrire de haïkus mais que je préfère présenter, sans les qualifier, mes petits mots sur trois lignes pour offrir un peu de temps à l’instant, célébrer l’éphémère, évoquer l’ineffable.

Offrir peu de mots à mon lecteur afin qu’il puisse s’immerger librement dans mon poème sans me subir telle est la démarche de mes Menues Monnaies.


En règle générale, je compose mes avatars de haïkus en les écrivant sur une seule ligne de 13 ou 14 syllabes. Je les laisse ensuite murir quelques heures, voire quelques jours. Je relis alors plusieurs fois mes mots à haute voix pour en évaluer le rythme et les sons. C’est à ce moment que le haïku prend sa forme définitive, des mots s’en vont, d’autres mots s’en viennent, l’inutile est éliminé autant que possible afin de conserver l’essentiel.


Pour clôturer cet article et illustrer mon dernier paragraphe, je vous proposer un de mes haïkus et sa réduction à l’essentiel en passant du classique 5/7/5 à un 2/3/2 plus dépouillé et réduit à l’essentiel.


en pied de falaise / les fracas de l’océan / ~ la vague s’en va

fracas / et la vague / s’en va


Mes Menues Monnaies ne sont rien d’autre qu’un hommage rendu par un francophone au Haïku de tradition, c’est à dire à celui du Japon.

loin de son étang/ elle ne plonge plus/ la grenouille

池遠/もう飛び込めぬ/かな


 La traduction est de Masataka Minagawa.


loin de son étang/ elle ne plonge plus/ la grenouille

池遠/もう飛び込めぬ/かな


が初めて俳句に出会ったのは2016でした。それは、ポール=ルイ・クシュー、アルベール・ポンサン、アンドレ・フォールの著作を再編集し、フランス語圏初の句集「Au Fil de l’Eau(の糸に)を見つけた時でした。俳句という小さな詩に魅了された私は、もう少し学びたいと思い、俳句に関する本を何冊か手に入れ、最初のエッセーを書きました。

く平凡だったエッセーの内容は省略します。私は急いで著者たちと連絡をとり、インターネットでヴァーチャルな意見交換をし、ブリュッセルの句会に参加しました。これら有用な出会いによって、多くのアドヴァイスを受けることができました。

フランス語圏の俳句の方式に従って、自分の言葉を書き記すことを少しずつ学び、5/7/5を厳格に尊重し、季語を使い、「侘び寂び」の概念を知り、「切れ字、取り合わせ、一物仕立て」などの意味するところを学びました。

のエッセーは少しずつ良くなったようで、仲間の間でも一定の関心を持たれるようになりました。


littoral désert/~la mer d’automne dépose/quelques coquillage

人気なき砂浜/の海に沈む/貝殻いくつ

l’écume du temp/déposée sur tes cheveux/~le galop des vagues

の泡/の髪に乗る/のギャロップ

vacances d’été/~devant la vieille maison/un vélo d’enfant

夏休/古家の前の/子供チャリ


2017に永田満徳さんが指導し、向瀬美音さんが盛り上げるフェイスブックの「俳句コラム」に誘われました。この国際的グループは、「取り合わせ」を広めるために2で俳句を書いています。私は熱心にこのグループと協力し、最初は俳句作者として、次いで批評家として働きました。私の作品は日本語に翻訳され、「俳句大学」の出版した6つの最初の俳句選集に掲載され、歳時記の春に関する季語でも取り上げられ、日本語の雑誌に3回掲載されました。


retour des grues/~la couronne rouge des érables

鶴帰/の赤き冠

première aurore/~bien ordinaire l’an neuf s’ébroue à peine

初明かり/いつもの正月身を震わせなどしない

vent frais du ponant/~sur la plage le sables asséché

しい西風/海岸の砂乾きゆく


この経験が20207にフランスで出版された私の句集の「Menues Monnaies(小銭)」(以下、「Menues Monnaies」)の出発点です。「Menues Monnaiesは私のヴィジョンとフランス語俳句の実作が掲載されています。

le cri des mouettes/emporte le silence/~plus vives les vagues

かもめ鳴き/静寂破/波騒

morne Mer du Nord/~ses vagues grises sans forces/déroulent

l’ennui

陰鬱な北海/なく灰色の波/退屈

jour des morts/~ la mine réjouie/ de la fleuriste

万霊節/あかるい笑顔の/花屋かな


この句集でもって、私はフランス語圏俳句の枠にはまったガイドラインから自分をきっぱり解放する決心をしました。しかし、だからといって、伝統的な俳句の不可欠な要素と考えられるものから離れたわけではありません。それらは、一瞬の切り取り、陳腐と儚さの再生、簡潔さと節度などです。

Menues Monnaiesでは通常の3行書きを踏襲しましたが、音節の数は自由に変えて、短い詩が一気に読めるようにしました。私にとっては一息で詩を朗読することが大切なのです。私はできる限り二つのイメージ、時には対立するイメージを提示し、それらが共鳴するように試みています。といっても、一つの表現で構成することを拒否しているわけではありません。


malgré la maladie/je contemple le magnolia/en fleurs

めども/モクレンに見入る/満開

tant vive la vague/venue à ma rencontre/~ si humble sa fruite

荒波/に会ひ来て/く小波

nouvelle lune/plus sombre l’ombre/sans les ombres

新月/より暗き/の無き

deja le réveil~/si fine la soie des rêves/ne résiste pas

もう目覚め/のごとき夢/えがたし


意図する「一瞬」を読者が察知して感じてもらえるように、時には言葉を極端に簡潔にすることもあります。

fin d’orage~/bien silencieuse/la rizière

嵐去/静寂/青田

solstice d’été/~fatigué/le jour lâche prise

夏至//ひと日の諦め


このような俳句の規則からの私の逸脱は、偶然の産物ではありません。それは、詩人モーリス・コヨ-の見解を何度か読み返すことから始まり、アメリカのジャック・ケルアックのPop(自由詩)作品を読み、最近ではマルセル・ペルティエのMop(最小の詩)を読んで考えた結果であり、「俳句コラム」グループでの実作から生まれたものです。


le doigt/dans le nez/~l’enfant

/の中/子供


ではサピール・ウオーフの仮説(言語が思考を決定する)を参考にしながら、俳句は日本語と日本文化とが一体化しているという印象をますます持つようになりました。私たち非日本人は、一行の詩を三行で書くことを決め、モーラ(拍)と音節を軽々しく混同し、ともすれば作品を「地方色を出すために」安物の禅で飾り立てています。

は日本語からフランス語への翻訳そのものを信用しません。なぜならば、私が見るところ、翻訳は原作の観点・意味という点では、しばしば曖昧さの源であるからです。これは、「蛙飛び込む」の芭蕉の俳句の多くの翻訳を比較してみれば分かることでしょう。

だからそのために、私は「俳句」を書くとは言わずに提示すると言います。ちょっとした言葉を三行で書いて、一瞬の時間を少し提供し、束の間を大切にし、言いようのないものを思い起こさせようとするからです。

読者にわずかの言葉を提供することで、読者が私の存在を気にとめず、詩に自由に没頭できるようにする。それが私の「Menues Monnaiesのやり方です。

原則として、1314音節の一行の俳句でもって自分の分身を作り出します。それから数時間、場合によっては数日間熟成させます。次にリズムや音を調整するために何度も声を出して読み直します。俳句が最終的な形になるのはこの時で、言葉が消えて別の言葉が生まれ、不要な言葉が除かれ、本質的な言葉だけが残ります。

この稿を終えるにあたり、今までに述べたことを例示するために、私の5/7/5の古典的な俳句を2/3/2に簡素化し、本質的なものだけに削ぎ落すやり方を提示します。


en pied de falaise/les fracas de l’océan/~la vague s’en va

崖下/の轟音/く波

fracas/et la vague/s’en va

 轟音/そして波/


Menues Monnaiesは、フランス語を話す一人の人間から伝統的俳句、即ち日本の俳句のことですが、それに捧げた賛辞(オマージュ)に過ぎません。



Un petit 3/6/3 pour 12 syllabes

exilé  dans le regard des autres                ~  l’orgueilleux  © jean luc werpin 10/04/2025